L'arbre généalogique du Colley.
The Farm Collie - Le Colley de ferme, une Star incontestée.
Jusqu'au début du 19ème siècle l'activité humaine a essentiellement été rurale et pastorale. L'Angleterre, par exemple, est devenue la 1ère puissance économique mondiale grâce à sa production lainière. Pendant
des centaines d'années, pour ne pas dire plus, le pastoralisme a été l'activité prédominante et essentielle des hommes. Le chien de berger a ainsi obtenu au fil des siècles un statut particulier qui le plaçait bien au dessus de tous
les autres animaux.
Joseph Farquharson (Né à Edimbourg, Scotland, en 1846) |
Buffon, célèbre naturaliste, estimait qu'il y avait 3 catégories de chiens et a établi sa généalogie des chiens en 3 souches: le mâtin, le dogue et le chien de berger.
Quant au Dictionnaire géographique universel (édition de 1826); il décrit le Colley (Page 545) comme étant le "vrai chien de berger".(1)
En 1863, la France organise sa 1ère exposition canine.
Nous pouvons lire ceci dans le Bulletin de la "Société Impériale d'Acclimatation" de 1863
(Le Bulletin de la "Société Impériale d'Acclimatation" - Annales forestières 1863 (page 156) Exposition universelle des chiens 1863) qui brossait un tableau de la 1ère exposition canine française: (2)
- "Nombre de naturalistes considéraient le chien de berger comme étant directement issu du chien primitif,
de la race originaire et mère de toutes les autres. Le chien de berger est considéré supérieur aux autres par son instinct. Il est le seul qui naisse, pour ainsi dire, tout élevé, sans autre guide que l'instinct qu'il tient de la nature.
Il s'attache de lui-même à la garde du troupeau avec une intelligence singulière. Il règne à sa tête comme un chef absolu.
Il conduit et protège son peuple avec une sollicitude admirable. Jamais il n'emploie la force que pour y maintenir la paix, et la sûreté, l'ordre et la discipline sont les fruits de sa vigilance et de son activité."
Un prix spécial a d'ailleurs été décerné aux chiens de bergers.
Jusqu'à récemment, avant que l'industrialisation ne supplante définitivement le pastoralisme, le chien de berger conserva son aura auprès de la société en général. Prenons pour témoignage cette demande que fit le Conseil
Général du département de la Manche auprès du Ministre des finances le 14 novembre 1848: "Le Conseil Général demande (qui avait déjà été exprimée plusieurs fois par ce même
Conseil), de voir établir un impôt sur les chiens, en exemptant seulement les chiens de berger et d'aveugle, et il demande que le produit de cet impôt soit attribué aux communes." (3)
Joseph Farquharson |
Le Colley, le meilleur des chiens de berger.
Si le chien de berger a gagné le coeur des hommes, le Colley en était le plus populaire, c'est incontestable. Nombreux sont les témoignages, qu'ils soient issus d'écrivains, de journalistes, d'artistes, qui nous en apportent la preuve. Sa renommée
amènera même l'armée allemande à importer de nombreux Colleys vers la fin du 19ème siècle afin d'en faire des chiens de guerre (voir le Colley, 1914-18, chien de guerre). Une page méconnue de l'histoire du Colley.
Une page correspondant à une époque troublée de notre histoire. Le Colley a sauvé des vies ou réconforté des âmes en perdition dans une période assombrie par la folie des hommes. Avec ce chien, l'homme a façonné une
oeuvre qui a dépassé ses espérances les plus folles.
Morceaux choisis:
Nouvelle Encyclopédie Théologique - Dictionnaire des merveilles et curiosités
de Achille François É Jouffroy d'Abbans (1853) (4)
- "Un berger écossais qui habitait au pied des monts Grampians, amenait chaque jour avec lui son fils qui n'était âgé que de 3 ans. Une fois, il l'avait laissé, jouant dans une prairie, et s'en était éloigné,
comme cela lui était déjà arrivé dans d'autres occasions, pour aller à la recherche d'une chèvre égarée.
Mais, pendant son absence, un orage affreux éclata, et à son retour il ne trouva plus son enfant. On peut se faire une idée de son désespoir. Pendant plusieurs jours ses recherches furent vaines, quoiqu'il eût été aidé par les
habitants de son hameau.
Enfin il apprit que depuis le lendemain de la fatale journée, un de ses chiens qui avait aussi disparu pendant la bourrasque, venait chaque soir à la cabane, où, après avoir reçu un morceau de pain, s'enfuyait avec.
Cette circonstance, qu'on avait d'abord oublié de lui communiquer, fit naître en lui une sorte de pressentiment, une lueur d'espoir; mais ce fut néanmoins avec une bien cruelle anxiété, qu'il attendit la nouvelle apparition du chien. Celui-ci revint
à l'heure accoutumée, se laissa caresser de tout le monde, reçut son morceau de pain, et sortit aussitôt de la cabane. Mais le berger le suivit, et l'animal, témoignant de la joie de se voir accompagné par son maître, se dirigea vers
la montagne. Les voyageurs traversèrent des ravins, des torrents et arrivèrent enfin au bord d'un précipice dans lequel le chien descendit, et au fond duquel il introduisit son maître dans une caverne. Le fils du berger était là; bien portant,
gai et tenant le morceau de pain qu'il venait de recevoir du chien. Le pauvre petit avait-il roulé dans cet abîme en fuyant l'orage, ou bien y avait-il été transporté par le fidèle animal qui lui avait servi de protecteur? L'enfant ne put
faire connaître les détails de sa délivrance; mais Dieu l'avait favorisé et le chien du berger en avait été l'instrument"
Edwin Landseer (1802 - 1873) |
Rev. J.G Woods (Natural History Mammalia volume by the Rev. J.G Woods, circa 1862).
- "Leur grande capacité au travail fait communément dire par une autorité compétente, que les bénéfices tirés d'un troupeau ne suffiraient pas à employer des hommes pour faire le même travail
que le chien. En effet, ils n'arriveraient pas à diriger les moutons tel que le Chien arrive à le faire. Une histoire vérifiée a été rapportée sur la prouesse réalisée une nuit par un Colley. Un troupeau pris de panique
une nuit s'enfuit dans différentes directions. Le berger tenta en vain de les rappeler et pensait déjà avoir perdu la majorité de ses animaux quand le matin, en chemin pour rentrer chez lui, il découvrit la totalité des moutons rassemblés
sains et saufs par son colley qui veillait sur eux.
"Il se peut que les moutons, habitués à leur ami et tuteur qu'est le Colley, se soient sentis en confiance avec lui alors qu'ils fuyaient le berger."
Edwin Landseer "Collie rescuing a sheep"
- Un Collie secourant un mouton dans la neige - |
Ces quelques extraits montrent à quel point le Colley, ou même le chien de berger en général, jouissait d'une sympathie qui va bien au delà des simples relations qui peuvent exister entre un être humain et les animaux qu'il côtoie, de compagnie
ou autre. Une toile peinte par Edwin Landseer en 1837 (The Old Shepherds Chief Mourner) montrant un chien de berger accompagnant son maître dans la mort caractérise bien ces sentiments. Belle et poignante à la fois, cette toile symbolise tous les mythes entourant
l'homme et le chien.
Edwin Landseer "The Old Shepherd's Chief Mourner" (1837) |
Il est le Compagnon des morts dans la sépulture allemande de la grotte dOberkassel il y a 15000 ans ou encore à Ein Mallaha au nord d'Israël (voir page La domestication du chien). Il est l'égal de l'homme dans le cimetière
de chiens de Skateholm (autour de 5000 ans av JC) en Finlande (voir page Entre chiens et loups). Le chien, le compagnon de tous les jours, l'est aussi dans la mort. Guide des moutons du berger dans la vie, il devient le guide des âmes dans leur voyage
vers l'au-delà.
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