Identification génétique,
un outil incontournable ? |
Texte Arnaud Bennetot |
(Aniwa.com) |
Texte ajouté le
24-03-2002 |
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La technique commence à être bien au point
il est désormais possible de pratiquer des tests génétiques de filiation fiables dans le cadre de l'élevage canin.
Collie-online propose un dossier complet sur l'identification génétique. Génes, chromosomes, ADN, marqueurs microsatellites...et les enjeux. 6 pages très détaillées qui ont fait l'objet d'une évaluation par le laboratoire de biotechnologie
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Lidentification génétique était le thème
de la dernière soirée organisée par l'UMES, le 9
avril dernier et à laquelle participait une cinquantaine d'éleveurs.
A en juger par le nombre de questions qu'ils ont posées au professeur
Courreau venu expliquer le fonctionnement des tests de filiation, le sujet
les passionne. Il faut dire qu'au-delà des possibilités
de contrôle dorénavant offertes à la Société
Centrale Canine, le test de filiation peut intéresser l'éleveur
à plus d'un titre.
Déterminer les filiations impossibles
Quel éleveur ne s'est jamais trouvé confronté au
problème d'une saillie fortuite ? Jusqu'à présent,
il n'y avait guère que deux solutions : ne pas inscrire la portée
au LOF ou laisser subsister un doute quant à la généalogie
des chiots. La procédure de test mise au point par Labogéna
offre aujourd'hui la possibilité de déterminer les filiations
impossibles, il devient possible de régulariser un dossier de portée
a posteriori.
A l'origine, le système d'identification génétique
a été développé pour les animaux de rente,
essentiellement à des fins de contrôles. Taureaux d'élite
et étalons mis sur le marché à la monte publique
coûtent parfois si chers que l'acheteur est en droit d'exiger toutes
les garanties sur la saillie qu'il a fait réaliser. La généralisation
des tests permet de répondre à la volonté des instances
officielles d'avoir un marché clair, sans fraude. Mais dans la
pratique, on constate d'autres intérêts. Pour l'éleveur,
c'est également le moyen d'offrir une garantie à ses clients,
ce qui apporte une plus value certaine aux produits qu'il commercialise.
Et à plus grande échelle, pour la race elle-même,
c'est un outil de promotion. L'identification des plus grands reproducteurs
permet de constituer une base de données qui pourra être
valorisée par la suite.
De la théorie
Les caractères sont portés par les gènes, présents
sur les chromosomes; le patrimoine génétique d'un individu
étant apporté pour moitié par le père et pour
l'autre moitié par la mère. Chaque gène peut se présenter
sous plusieurs versions (on parle d'allèles pour désigner
chacune d'entre elles). Le principe du test est de vérifier la
compatibilité du génotype des produits par rapport à
ceux des parents. Pour ce faire, on vérifie tout simplement les
allèles présents, en observant de l'ADN prélevé
chez les parents et chez les descendants. En travaillant sur un nombre
suffisant de gènes, choisis pour présenter de nombreux allèles,
on arrive à déterminer avec certitude cette compatibilité
ou au contraire à l'exclure.
Intéressons nous, par exemple, au cas d'un gène
A, pouvant se présenter sous quatre allèles différents
(A1, A2, A3 et A4).
L'étude du génotype du père nous révèle
qu'il est de type A1A3.
L'étude du génotype de la mère nous révèle
qu'elle est de type A1A4.
On observe le génotype de la descendance :
- Si l'on trouve des génotypes de type A1A1, A1A3, A1A4
ou A3A4, il y a compatibilité. Ce qui ne garantit permet
toutefois pas d'affirmer que les géniteurs sont bien
ceux que l'on a étudié.
- Si par contre l'on observe un individu portant un génotype
de type A2A4, A2A2, A2A3, A3A3, A4A4, on peut être certain
que la filiation est erronée.
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La réalité n'est pas si simple, et l'on ne se contente
pas de l'étude d'une seul gène. Le protocole tel qu'il a
été validé en étudie neuf, ce qui apporte
une précision suffisante pour exclure tout risque d'erreur. Encore
faut-il signaler que si le test s'avère particulièrement
performant pour déceler les filiations impossibles (le très
faible taux de mutation - inférieur à 1 / 10000 permet d'exclure
cette hypothèse en cas d'incompatibilité avérée),
il peut subsister des difficultés pour les recherches en paternité
lorsque le doute existe entre deux pères potentiels très
consanguins.
à la pratique
En France, à l'heure actuelle, seul un laboratoire est habilité
à pratiquer cette analyse. Il s'agit de Labogéna (une émanation
de l'Institut National de la Recherche Agronomique - Domaine de Vilvert
78362 Jouy en Josas Cedex - tél : 01 34 65 21 41). En théorie,
il serait possible de pratiquer le texte sur n'importe quel élément
contenant de l'ADN : sang, poil, fragments d'ongles, salive
Mais
pour des raison pratiques, visant notamment à garantir l'identification
des animaux testés, ils sont essentiellement réalisés
sur des échantillons sanguins. Et pour avoir une valeur probante,
la prise de sang doit être réalisée par un vétérinaire
et les animaux testés doivent être identifiés par
tatouage ou puce électronique. Il convient au préalable
d'ouvrir un dossier auprès de Labogena, qui envoie le matériel
de prélèvement au vétérinaire. Le délai
d'analyse est de l'ordre de trois semaines. Chaque analyse est facturée
200 francs HT, (30,49 euros) et les résultats sont conservés
dans une base de données par le laboratoire.
Pour quoi faire ?
Première application du test génétique, le contrôle
des filiations qui peut être déclenché à tout
moment par la Société Centrale Canine. Une méthode
beaucoup plus fiable que les simples visites d'élevage. Mais il
ne faut pas voir en cette technique le seul côté répressif.
Il permet également de résoudre l'épineux problème
des saillies fortuites. La règle exige que l'éleveur procède
à une déclaration de saillie dans les quatre semaines qui
suivent l'événement, puis à une déclaration
de naissance dans les quinze jours. Mais en cas d'accident, impossible
de respecter la procédure normale. La fiabilité des tests
permet aujourd'hui à la SCC d'accepter la régularisation
de dossiers a posteriori. Bien sûr, il ne faut pas que cela devienne
une habitude ! Mais c'est une façon de "rattraper" le
coup et de ne pas écarter des livres officiels les rejetons imprévus
qui peuvent malgré tout présenter un intérêt
pour la sélection. Et enfin, dans un "objectif de qualité
totale", la mise en uvre préventive des tests de filiation
permet de garantir à l'acheteur la nature de la chose vendue.
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